On the occasion of the Festival Photo Saint Germain des Pres a new exhibit of Rouvre's works borns. The exhibition shows the experience of the artist during his travel in New Caledonia, where he captured the beauty of 13 different tribes, portaits and bodies.
À l’occasion du Festival Photo Saint Germain des Prés, la galerie
Hélène Bailly met à l’honneur la nouvelle série du photographe
Denis Rouvre.
Denis Rouvre a passé trois semaines en Nouvelle Calédonie
dont quinze jours dans les tribus. Lors de son immersion il a pu
photographier treize tribus, autant de visages, que de corps de
chasseurs, de pêcheurs ou de guerriers...
Une nouvelle fois le photographe a su laisser s’exprimer la beauté
de ces visages si proches et en même temps si loin de nous tant
par leurs regards que par leurs attitudes.
Ces tirages ont le pouvoir d’exprimer la force de ce peuple et nous
transmettent une indescriptible émotion.
DENIS ROUVRE
‘Kanaks’ par Natacha Wolinski
L’art de la guerre commence avec l’affirmation d’un regard. Résister,
c’est ne pas baisser les yeux. Depuis l’autre bout du monde,
depuis l’autre bout de la France, depuis la commune de Canala,
à trente kilomètres au nord de Nouméa, Toawani Tonchane,
Basile Kaitchou, Toawani Moasadi, Franck Tomedi, Ezekia Diake
nous regardent dans les yeux. Ils se présentent face à l’objectif du
photographe. Ils se présentent face à nous. On ne voit pas leurs
corps mais on les devine fichés en terre, ancrés dans un sol dont
jamais on ne pourra les déraciner. Ils sont fils et filles de la terre
kanak. Ils sont de la tribu des irréductibles, de Gelima, de Nonhoué,
de Nakety, de Neho... Leurs visages ont les couleurs de l’argile
séché et du bois.
Leurs cheveux sont de broussailles.
Ce sont des
hommes et des femmes paysages.
La lumière du photographe
accuse les reliefs et les aspérités de leurs gueules rudes de
pêcheurs, d’agriculteurs, de soutiers de la mine. Elle épouse le
grain et les sillons de la peau. Elle prend acte du voltage intense
des pupilles.
Il y a de l’arrogance dans ces prunelles chargées au
noir. Des braises de tristesse aussi. Une larme d’amertume. Le noir
de la violence et des exploits indépendantistes est passé, mais
ces regards portent encore le flambeau d’une inflexible insularité.
Ces hommes et ces femmes sont les fils et les filles d’un monde
révolu qu’ils s’acharnent à faire perdurer. lIs vivent à cheval entre le
passé et le présent, chevaliers d’un monde coutumier qui les a vus
naître, et qui, avant eux, a vu naître leurs aînés, leurs ancêtres, leur
dieux familiers.
Ils s’accrochent à la tradition sans être assurés de
pouvoir toujours la préserver. La brutalité de leurs traits corrobore
la brutalité de la vie et de l’histoire. Les vieux sont fracassés. Les
jeunes sont revendicatifs. Les valeurs des uns ne coïncident plus
forcément avec celles des autres. Ils sont de Canala et d’outremer.
Ils sont rebelles et vaincus.
Héros et renégats.
Solidaires et
claniques.
Enracinés et sans repères. Ils nous regardent depuis les
lointains. Nous les voyons pour la première fois.
Opening Nov 6th
HELENE BAILLY GALLERY
38, rue de Seine – 75006 Paris
Hours:Tue-Fri: 10am-1pm/2pm-7pm Sat: 2-7pm or by appointment
Free entry