"Archeology". Comme un archeologue, Marc Bauer reconstitue des moments de son enfance a partir d'un effort de memoire, en montrant au public des projections de ses souvenirs transformees en dessins, en objets et en video. Mais la tentative du souvenir amene avec soi le contraire de l'intention philologique originelle de l'archeologie, de sa recherche de precision incontestable; ses compagnons sont en effet L'oubli, les phantasmes, les émotions: les souvenirs sont filtres, manipules et transformes par l'ecoulement du temps.
"Archeology". L'archéologie est une opération de la mémoire. Son but est de
reconstituer une vérité historique perdue et de la quelle on ne retrouve
que des traces floues et partielles. Au même moment l'archéologie est
une science, qui donc recherche l'objectivité et la précision, mais qui
doit aussi se permettre de se baser sur des suppositions pas toujours
certifiables, en laissant de ce fait aussi une place à l'irrationalité.
Comme un archéologue, Marc Bauer reconstitue des moments de son
enfance à partir d'un effort de mémoire, en montrant au public des
projections de ses souvenirs transformées en dessins, en objets et en
vidéo. Mais la tentative du souvenir amène avec soi le contraire de
l'intention philologique originelle de l'archéologie, de sa recherche de
précision incontestable; ses compagnons sont en effet L'oubli, les
phantasmes, les émotions: les souvenirs sont filtrés, manipulés et
transformés par l'écoulement du temps. Les travaux de Marc Bauer
constituent donc un ensemble de projections d'images du passé dans le
présent, où celles-ci deviennent une interprétation visuelle d'une réalité
intérieure, comme vivante, qui n'existe seulement dans la dimension du
souvenir.
L'effort de mémoire dans Archeology est aussi scientifique et rigoureux.
Visuellement, cela se traduit dans l'ambiance froide et aseptique,
atmosphère commune au musée et à l'hôpital, qui devrait permettre
autant la préservation que l'interprétation. Ainsi les objets en plâtres se
retrouvent à l'intérieur d'un meuble qui est simultanément une vitrine et
une table de dissection: les objets du souvenir deviennent des trésors
prêtés à être analysés. Paradoxalement, malgré leur vivacité, le destin
qui les attende est lié à une autopsie. Ses objets, bien que liés à une
biographie qui n'ous est inconnue, ne restent pas silencieux, car grâce
au pouvoir des signes, le mécanisme du souvenir vient éveillé aussi le
spectateur: il est où mon ourson? Comme était belle la maison des
grands-parents et comme était-ce froid de sentir le stéthoscope du
médecin sur la poitrine.
Dans une cage en inox et caoutchouc, qui renvoie encore une fois Ã
l'univers hospitalier et au drame des urgences, deux enfants qui
semblent être des clones restent figés dans des situations hautement
ritualisées. Dans la vidéo Archeology: livestock les gestes des deux
garçons qui appartiennent certainement à leur quotidien, ne laisse voir
aucune spontanéité, caractéristique-stéréotype de l'enfance. La
répétition et l'obsession, souligné par l'allure rythmique de la bande
sonore on effacé tout ce qui nous fait idéaliser le jeune âge. La rébellion
- jouer avec l'eau dans le salon, renverser un verre de lait - reste, elle
aussi, un phantasme: c'est une instance extérieure au champ de vision
et autoritaire qui semble mener l'action, en frustrant chaque essai de
sortir du banal. Ici les action et les sensations sont commentées, mais
les parole qui accompagnent les gestes se retrouvent hors du temps:
était-ce la pensée de l'époque ou d'aujourd'hui? Mais surtout, y aurait il
une différence? Il ne reste que compter jusqu'à cent et espérer que tout
disparaisse mais alors là , tout sera déjà transformé en un souvenir.
Les images du passé sont parfois fixées dans des photographies, Ã
partir desquelles Marc Bauer réalise ses dessins. Mais il existe aussi
des souvenirs qui sont des images suffisamment claires pour devenir
des dessins sans aucun appui extérieur. Ainsi les traits imprécis de
crayon, les tâches et les effacements ne peuvent être que les traces du
processus de la mémoire, qui n'est pas objective, comme pourrait l'être
un dessin technique ou un plan d'architecture, mais le fruit d'ine
interprétation du passé. Les personnages se confondent, leur
physionomie se mêlent, de même que certaines poses et situations
semblent être restées parfaitement gravées dans l'esprit, comme
sculptées. Parfois, les visages et les corps disparaissent, mais leur
présence reste perceptible. Parfois se sont des paysages entiers qui se
dissolvent, mais leur sensation reste vive: il pleut sur la mer.
Giovanni Carmine, janvier 2001
Parallèlement à Archeology, le livre Across the great channel, édité par
Memory/Cage Editions à Zurich, est présenté à attitudes. Ce livre
d'artiste de Marc Bauer est basé sur une série de dessins réalisée en
1999, intitulée Swiss room.
Vernissage le vendredi 9 février dès 18 heures
Attitudes, 5 Rosemont Genève